Lovée au pied des Pyrénées catalanes, Villefranche-de-Conflent semble tout droit sortie d'un livre d'histoire.
Ses ruelles pavées, ses remparts massifs et ses maisons lui donnent du charme. Ici, le temps s'est arrêté, et chaque pierre semble raconter mille ans de récits.
Fondée à la fin du XIe siècle, Villefranche-de-Conflent a été bâtie pour protéger la vallée du Conflent, point de passage stratégique entre mer et montagne.
Dominée par le Fort Libéria, œuvre du génial Vauban, la cité a longtemps été une sentinelle de pierre, surveillant les vallées et les routes catalanes.
Aujourd'hui encore, son plan médiéval est intact : deux rues principales bordées de maisons serrées les unes contre les autres, ceintes par d'imposants remparts classés au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Entrer dans Villefranche, c'est franchir un seuil temporel. Dès les portes franchies, les pavés invitent à la lenteur. On découvre les façades aux teintes de marbre rose, les enseignes en fer forgé, les échoppes d’artisans, et cette ambiance paisible qu'aucun vacarme moderne ne vient troubler.
Impossible de manquer le Fort Libéria, perché sur les hauteurs.
On y accède par un sentier escarpé, ou comme moi, par un escalier souterrain de plus de 900 marches creusées dans la roche, une ascension récompensée par un panorama à couper le souffle. Là-haut, le regard porte jusqu'aux sommets.
Il a été construit entre 1681 et 1683 sur ordre de Vauban après le Traité des Pyrénées (1659), qui redessine la frontière entre la France et l'Espagne. On y découvre des bastions, des courtines, des galeries souterraines et même une chapelle romane avec crypte.
Ici, tout est pensé pour défendre la vallée. Les ouvertures des canons pointent vers la plaine, les sentinelles pouvaient voir sans être vues, et la pierre rose locale donne à l'ensemble une teinte presque douce, malgré la rigueur du lieu.
Le Fort fut à la fois bastion, prison et refuge. Dans une aile isolée, on découvre la mystérieuse "prison des Dames", où furent enfermées des femmes accusées lors de l'affaire des Poisons, à l'époque de Louis XIV. Plus loin, les anciennes casernes résonnent encore du pas cadencé des soldats. Chaque salle raconte une histoire, chaque pierre garde la trace de ceux qui ont veillé ici, dans le froid et le vent.