1 Novembre 2016
Le piton rocheux qui domine Edimbourg, capitale de l’Ecosse (Royaume-Uni), et qui accueille aujourd’hui le Château, est habité depuis près de 3000 ans. Conquis par les Romains en 78 après J.-C., on connaît le lieu sous le nom de Din Eidyn (la forteresse d’Eidyn) au VIIe siècle. En 638, les Angles s’emparent de la cité et renomment le piton Edinburgh.
Il semble que dès le XIe siècle, cette éminence rocheuse abritait un château dit Castle of Maidens (Château des pucelles). La raison de cette appellation n’est pas très claire. Dès cette époque, le château est la résidence des rois d’Ecosse, mais c’est seulement sous le règne de David Ier (1142-1153) que le château devient une véritable forteresse. Du règne de ce souverain date d’ailleurs la chapelle Sainte-Marguerite (St Margaret’s Chapel) que l’on peut encore visiter aujourd’hui.
L’histoire de l’Ecosse se confond évidemment avec le château. Repris aux Anglais au début du XIe siècle, il revient dans leur domaine en 1296, pour 18 ans. Plusieurs batailles, dont le célèbre Robert Bruce fut parfois l’instigateur, font passer le château tantôt aux Ecossais tantôt aux Anglais. En 1341, le château revient à la dynastie écossaise, les Bruce, jusqu’en 1371. Ce sont ensuite les Stuart qui deviennent souverains de l’Ecosse. Jacques III (1460-1488) en fait sa résidence et le réaménage ; son fils Jacques IV (1488-1513) procède également à de nombreux embellissements.
Le château est alors résidence royale, lieu de conservation des archives de l’Etat (les Honours), résidence édilitaire mais également prison. Il abrite en outre l’artillerie royale, dont le canon Mons Meg (encore en place sur le site).
Mais perché sur le Castle Rock, le château d’Edimbourg n’est finalement pas très confortable : au cours du XVIe siècle, les Stuart déplacent leur résidence et leur cour au Palais d’Holyrood, plus loin sur le Royal Mile, artère importante de la cité. C’est pourtant le château d’Edimbourg qui accueille la naissance de Jacques, en 1566, fils de Marie Stuart, roi d’Ecosse (sous le nom de Jacques VI) et d’Angleterre (sous le nom de Jacques Ier).
Marie Stuart, alors reine d’Ecosse, se trouve confrontée à la rébellion de la noblesse : contrainte d’abdiquer en faveur de son fils, elle s’enfuit, ce qui ne suffit pas à apaiser la situation. Commence alors le Long Siège, en 1571 : le château est assiégé par les partisans du jeune roi et protégé par les défenseurs de la reine. Finalement, ces derniers durent se rendre. Les nombreux dégâts occasionnés par les batailles de ce siège modelèrent le château tel qu’on peut encore le voir aujourd’hui : la Half-Moon Battery et la Porcullis Gate sont construites à cette époque, sur les ruines de certains éléments du vieux château. L’édifice reste ensuite inhabité pendant plusieurs années et c’est finalement Jacques VI d’Ecosse qui donne l’ordre de sa reconstruction. Il en fait même sa résidence à partir de 1617.
Après l’exécution de Charles Ier d’Angleterre en 1649, la situation de l’Ecosse vis-à-vis de l’Angleterre se complique et le château est occupé par Cromwell en 1650. Il devient dès lors une forteresse accueillant des garnisons. Beaucoup de bâtiments encore en place datent de cette époque, et plusieurs aménagements sont alors réalisés pour s’adapter aux besoins militaires.
Le château connaît encore de nombreuses vicissitudes : plusieurs tentatives de reconquête sont lancées par les jacobites au début du XVIIIe siècle (partisans des Stuart et notamment de Jacques Francis Edouard). Le dernier siège du château, mené à nouveau par les jacobites, mais sans succès, eut lieu en 1745.
En 1818, sous le règne de George III, les archives d’Etat sont redécouvertes par Walter Scott, dans la Crown Room où elles étaient scellées depuis 1707 (date du traité d’Union avec l’Angleterre). Cette invention marque le début d’une nouvelle ère pour le château, qui devient dès lors un lieu touristique. Le célèbre canon Mons Meg, déplacé en 1745 à la Tour de Londres, revient à Edimbourg.
Le Château abrite aujourd’hui plusieurs musées et le Scottish National War Memorial. Il est aussi le lieu de plusieurs événements en lien avec son histoire, notamment militaire, comme l’Edinburgh Military Tatoo (parade inaugurée en 1950). Le site est en lui-même, évidemment, un monument historique. Les éléments disparates qui le composent rendent sa visite parfois déroutante, mais l’impressionnant piton, le panorama sur la ville et ce lieu chargé d’histoire sont incontournables pour qui visite la capitale écossaise.